Corentin Pitoizet (technicien de proximité économique) :
« Il faut être passionné et à l’écoute ! »
Technicien de proximité économique depuis moins d’un an, Corentin Pitoizet a pourtant déjà beaucoup de recul sur son métier. Il nous en raconte le quotidien et ce qui en fait tout le sel !
Bonjour Corentin, merci de nous recevoir dans ton bureau au silo de Poinçon. Peux-tu commencer par nous dire qui tu es et d’où tu viens ?
Je m’appelle Corentin PITOIZET, j’ai 24 ans et je suis natif de la région, de Touillon plus précisément entre Châtillon et Montbard. Travailler dans le secteur agricole a toujours été une évidence pour moi, c’est certainement dû à mon grand-père qui était agriculteur à Baigneux-les-Juifs, j’ai passé mon enfance à ses côtés sur la ferme.
C’est donc tout naturellement que j’ai entrepris des études agricoles. J’ai commencé par un BAC SGEA Système à Dominante Cultures à Auxerre, puis j’ai enchainé avec un BTS ACSE Analyse Conduite et Stratégie de l’Exploitation. Je suis ensuite entré dans la grande famille Dijon Céréales pour y effectuer mon apprentissage au service technique Damier Vert à Fromenteau. Au sein de ce service, j’ai pu découvrir autre chose que le travail en exploitation agricole. Ça a été une très bonne expérience, très intéressante grâce à pas mal d’autonomie et à une très bonne pédagogie de mon maitre d’apprentissage, Vincent VACCARI.
Et après ces études, comment as-tu entamé ton entrée dans la vie active ?
J’ai décidé d’aller voir ce qui se faisait ailleurs et je suis parti au Canada pour travailler sur une exploitation céréalière en Manitoba pendant 6 mois. Une super aventure qui m’a permis de voir un système différent du nôtre dans un pays qui m’a toujours attiré.
A mon retour en France, j’ai travaillé 1 an et demi sur une exploitation dans le Loiret en tant que chauffeur agricole. Mais l’envie de revenir sur mon secteur natal était plus forte et, en 2019, j’ai postulé à une offre de technico-commercial (technicien de proximité économique) chez Dijon Céréales. J’ai rejoins l’entreprise au 1er avril 2019 sur le secteur de Poinçon.
Tu fais donc parti des jeunes recrues dans l’entreprise, un premier retour sur cette (quasi) première année ?
C’est une très bonne première année, enrichissante, avec du travail, beaucoup de travail … Mais j’aime ça ! Je voulais du challenge, je ne suis pas déçu ! J’en apprends tous les jours, et je me rends compte que c’est le métier que j’ai toujours voulu faire. Côtoyer le milieu agricole au quotidien est véritablement quelque chose qui m’épanouit. Je suis heureux de faire partie de cette grande famille.
Je voulais du challenge, je ne suis pas déçu ! J’en apprends tous les jours, et je me rends compte que c’est le métier que j’ai toujours voulu faire.
Est-ce que tu peux nous expliquer en quoi consiste ton métier de Technicien de Proximité Economique :
J’ai environ 80 agriculteurs à suivre au quotidien sur mon secteur. Ce suivi est de différentes natures : il peut s’agir de préconisation dans les champs : semences, engrais, produits phyto…, d’achat de céréales, c’est-à-dire la proposition de contrats en fonction de l’état du marché, et j’ai également la casquette méthanisation : c’est-à-dire que j’informe et je renseigne les agriculteurs qui sont dans le périmètre du projet de future unité de méthanisation porté par la coopérative et ses adhérents. Je calcule avec eux les attentes économiques et agronomiques ainsi que les risques, je les encourage notamment à mettre en place des essais de seigle pour les convaincre de l’intérêt agronomique du projet avec des rotations qui s’allongent. Personnellement je crois beaucoup à la méthanisation !
En plus de toute cette partie technique, l’élément fondamental pour moi dans ce métier c’est l’écoute. On est bien souvent l’oreille à laquelle nos agriculteurs souhaitent se confier. Pour certains, je suis la seule personne qu’ils voient dans la journée. C’est très important de les écouter et d’échanger avec eux, également sur le privé. Nos relations sont plus que simplement professionnelles, et elles sont cruciales dans notre métier. Selon moi si on enlève cette convivialité, ce lien social, on devient de simples commerciaux et ce n’est pas ce que je souhaite être.
L’hiver est déjà bien entamé, le printemps arrive, comment sont rythmées tes journées pendant cette période ?
D’une manière générale, sur toute l’année je passe une grande partie de mon temps en voiture, c’est un peu mon second bureau. Mes journées sont rythmées par les RDV sur le terrain et les trajets pour m’y rendre.
En ce moment je suis beaucoup en déplacement, en « tours de champs ». Avant, pour cette période, on parlait de « morte saison ». Aujourd’hui on parle plutôt de « bilan global des appros ». On passe du temps sur les parcelles avec nos agriculteurs pour vérifier et contrôler ce qui a déjà été fait sur les cultures et ce qui reste à faire. L’objectif est de faire les préconisations les plus justes en fonction des besoins de l’agriculteur et en fonction de nos recommandations.
Le téléphone est aussi un outil indispensable, je communique beaucoup avec mes agriculteurs de cette façon et je m’adapte aussi au fonctionnement de chacun. A force je les connais bien, et par exemple, en fonction du prix des céréales le matin, je sais qui je dois appeler ou ne pas appeler, pour certain un simple SMS suffit.
Ton métier est très lié à la saisonnalité et aux travaux dans les champs, quelle est la période qui te plait le plus ?
C’est en ce moment, la saison de printemps, en gros du 15 février au 15 mai. C’est peut-être la période la plus intense, mais tous les jours on fait des choses différentes, on doit en permanence s’adapter, chaque profil d’agriculteur est différent, chaque champ est différent. Je trouve que la casquette de conseiller prend tout son sens à cette période.
D’ailleurs j’ai changé d’avis sur le métier de TPE depuis que je suis à ce poste. J’avais une image biaisée, je pensais qu’ils n’étaient que des commerciaux. Mais la dimension conseil et écoute est tellement importante ! J’ai été très agréablement surpris et mon avis a beaucoup changé.
J’avais une image biaisée du métier de TPE, je pensais qu’ils n’étaient que des commerciaux. Mais la dimension conseil et écoute est tellement importante !
Quelles sont selon toi les qualités essentielles pour ce métier ?
Je pense qu’il faut avant tout être passionné par l’agriculture. Même si on n’a pas les mêmes contraintes que les agriculteurs, notamment administratives, je trouve que l’on a un peu l’impression de faire le même métier qu’eux : et pour faire ce métier, la passion est essentielle. Une seconde qualité importante selon moi est la patience ! Il ne faut pas oublier que nos métiers sont dépendants du vivant, il ne sert à rien d’aller trop vite et la dimension sociale autour du TPE nécessite d’être à l’écoute et d’être patient pour construire et développer une relation de confiance.
La nouvelle signature de Dijon Céréales est « Actifs, Positifs, Coopératifs !» est-ce que tu te retrouves dans ces qualificatifs ? Lequel des 3 te correspond le mieux ?
« Positifs » sans hésitation : car même si ce n’est pas toujours facile, je reste positif en toutes circonstances. Il faut relativiser et faire avec les aléas, toujours aller de l’avant. C’est important dans notre métier.
Bien sûr, pour moi, le terme « Coopératifs » est également très important car j’ai toujours défendu ce modèle, je suis partisan du « tous ensemble » et j’aime appartenir à la grande Famille Dijon Céréales.
Et je n’oublie pas « Actifs » car je prends souvent parti pour les agriculteurs et je cherche à défendre leur image. J’aime parler d’agriculture et l’expliquer autour de moi, j’en parle trop souvent d’ailleurs au goût de certains ! J’aimerais qu’on arrête d’écouter ce qui se dit dans les médias et que les gens prennent conscience que sans agriculteurs on n’est rien.
Merci Corentin !