A 62 ans, ce vendredi 31 janvier 2020, c’est la quille pour Émile Guenin ! Depuis plus de 25 ans, le silo de Bretenière était sa seconde maison : 27 000 tonnes de stockage et 78 cellules très bien tenues avec son collègue Fabrice (Demange) qui prendra le relais lundi avec le petit dernier, Valentin (Gransagnes) arrivé en octobre 2019.

Émile Guenin, c’est une carrière entièrement consacrée à la coopération agricole comme chef de silo. BTA en poche (Chaumont) et armée réalisée, Il débute son parcours, après un court passage au service de remplacement, à la coopérative de Corbeille-Essonne. Le silo de Versailles est son château pendant 3 ans.

Retour au pays (il est originaire d’une famille d’agriculteurs céréaliers de Saint-Maurice-sur-Vingeanne) en 1983 à la Paysanne, le silo du quai Galliot. Suivra la fusion avec Capd’Or et la naissance de Dijon Céréales. En 1994, Pierre Guez lui demande de rejoindre le silo de Bretenière, il restera son terrain de jeu jusqu’à la fin de carrière.  « Le métier a pas mal évolué depuis mes débuts, les conditions de travail sont meilleures, moins de poussière, moins de charges à porter. Mais ce qui a aussi beaucoup changé, c’est toute la partie administrative, la traçabilité et la documentation qui ont pris une place très importante ».

La moutarde, 2/3 de l’activité

« Mimile » aurait pu aussi porter le surnom de « Docteur Moutarde » tellement son parcours est intimement lié aux soins apportés à la petite graine qui pique, de sa réception jusqu’à son départ pour les meules des moutardiers. « Nous avons une vingtaine de livreurs en céréales sur Bretenière, elles repartent rapidement après la moisson. Depuis sa relance en production dans la région au début des années 90, le silo est monté en puissance sur la moutarde pour se spécialiser progressivement, elle représente aujourd’hui 2/3 de l’activité ».

Toute la moutarde IGP de Bourgogne transite forcément par Bretenière pour alimenter les moutardiers, notamment Fallot et Reine de Dijon. « Je me souviens de l’année 2017 où il a fallu gérer une quinzaine de variétés différentes en production locale, compliqué malgré le nombre de cellules du silo. Mais nous sommes fiers d’apporter notre contribution à ce produit emblématique de Dijon ! ».

Cela avait même valu à Émile, en 2008, de figurer dans un épisode des « Aventures culinaires de Sarah Wiener » (Arte), venue découvrir en Bourgogne la force de la moutarde.

Travail de préparation du grain, contact avec les adhérents et les nombreux chauffeurs qui passent par le site, Emile dit aussi avoir apprécié l’indépendance dans son travail, « tant que celui-ci est bien fait, on nous a laissé travailler tranquillement ». Il transmet le flambeau à Fabrice et Valentin, la relève sera bien assurée ! Emile lui va enfourcher son vélo, s’adonner à la menuiserie et au bricolage, et profiter des sorties avec sa famille, sa femme et ses deux enfants.