La moisson d’été de la coopérative Dijon Céréales devrait être bouclée d’ici la fin juillet. Le bilan est très contrasté, avec des différentiels de rendements jamais atteints selon les secteurs en Côte-d’Or, mais aussi une belle qualité d’ensemble en céréales et notamment pour les blés. Le colza vit une année catastrophique… de plus.


Longvic, le 28 juillet 2020

Les plateaux ont terriblement souffert du sec cette année, avec en plus la campagne catastrophique du colza

DES RENDEMENTS TRÈS HÉTÉROGÈNES

Annoncée comme précoce jusqu’à début juin, c’est finalement le 22 juin, date dans la normale de ces dernières années, que les travaux ont débuté en sud Côte-d’Or après des épisodes de pluie et un temps assez frais à la mi-juin.

Cette moisson 2020 se caractérise notamment par des mauvais rendements (voir plus loin) mais aussi une très grande hétérogénéité selon les secteurs. Les volumes/ha s’inscrivent dans des fourchettes de 1 à plus de 3, toutes espèces confondues. La récolte confirme, dans le contexte du dérèglement climatique, la très grande difficulté récurrente des terres        à potentiels limités, sableuses, plateaux et terres superficielles de l’Auxois-Morvan, du Châtillonnais ou du nord – nord est de Dijon. La situation économique des exploitations de ces secteurs est critique pour nombre d’entre elles.

DES BLÉS DE BELLE FACTURE

Dans ce bilan global très médiocre, le blé est la culture qui tire le mieux son épingle     du jeu, avec tout de même un rendement moyen en baisse de 5 % (à peine 6 T/ha). Vrai point positif, la qualité est  au  rendez-vous  tant  sur  les  critères  physiques  (PS à 80  en moyenne) que technologiques (protéines en moyenne à 12,5 et bons Hagberg) sur l’ensemble de la coopérative.

Des rendements variant de
1 à presque 4 sur le territoire
de la Côte–d’Or

Cette qualité est un plus pour le débouché meunerie intérieure mais aussi pour l’export vers le bassin méditerranéen très concurrentiel. Elle répond aussi aux attentes des filières à valeur ajoutée dans lesquelles sont investis les adhérents de Dijon Céréales (Hypérion, Label Rouge, Nestlé Préférence, Carta del Molino, Harrys), et qui pèseront près de 20 % des blés collectés sur cette campagne.

Les orges d’hiver se distinguent par de bons calibrages (moyenne à 88), de protéines bien positionnées pour la brasserie en terres profondes mais qui peuvent être excédentaires en terres plus légères.

Les rendements sont là encore hétérogènes et en recul général, il manque à l’échelle de la coopérative entre 15 et 20 % des volumes en escourgeons et orges d’hiver. En orges de printemps, les premières tendances montrent de bons calibrages mais aussi des faibles rendements (inférieurs à 5 T/ha en moyenne).

Le  colza  poursuit  sa  chute,  avec   un   rendement   moyen   catastrophique   autour   de   2,2 T/ha, un tiers de moins qu’en 2019. La crucifère a cumulé de mauvaises conditions d’implantation avec un démarrage très lent voire non réalisé  dans  le  sec, un  coup  de froid venteux et du gel fin mars et surtout la pression de la grosse altise, qui s’élargit sur l’ensemble du département après avoir concerné surtout le secteur du nord Côte-d’Or.

UNE MOISSON SANS RÉEL COUP DE FEU

La moisson s’est déroulée
sans très grosse journée et s’est
finalement étalée avec des
maturités tardant à venir

La collecte s’est déroulée sans véritable coup de feu mais s’inscrit dans la durée, note-     t-on du côté du service exploitation et de la logistique. La plus grosse journée, celle du 13 juillet, a atteint un plafond de 24 000 tonnes pour la coopérative (contre plus de 40 000 tonnes lors de précédentes moissons). Malgré les chaudes journées, les nuits « fraiches »  ont permis de bien entamer la phase de stockage des grains.

Si la météo clémente a permis de mener tranquillement les chantiers de récolte, la raison de cette moisson sans pression revient donc essentiellement aux rendements décevants : la collecte 2020-2021 de Dijon Céréales devrait se situer, selon les prévisionnels, 15 % en deçà de celle de la dernière campagne.

ACCIDENTS CLIMATIQUES ET PRESSION DES INSECTES

La campagne a cumulé plusieurs handicaps climatiques : le  sec  à  l’implantation  des  colzas en fin d’été ; un coup de froid venteux et du gel fin mars qui a nui aux colzas rescapés mais aussi aux orges d’hiver, qui ont par ailleurs subi des conditions défavorables pendant  la méiose ; et bien sûr les 50 jours de sec du printemps (mars-avril) particulièrement impactant sur les terres à faible réserve hydrique avec un nombre d’épis déficitaire.

Contrôle visuel du grain
au silo de Mirebeau

S’ajoutent également la pression des parasites, avec notamment la grosse altise en colza dont l’influence s’accroit depuis le nord vers le sud Côte-d’Or, en l’absence de solutions phytosanitaires réellement efficace. L’avenir est plus qu’incertain pour la tête de rotation de la Côte-d’Or, d’autant qu’une culture alternative comme le pois a également souffert en rendement. La moutarde est aussi dans la balance pour les mêmes raisons que sa cousine le colza.

Autre phénomène prégnant cette année, la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), transmise par les pucerons d’automne. Elle a impacté localement très fortement les rendements des orges d’hiver, avec des parcelles plafonnant à 1,5 t/ha, mais également des blés.

Quand le remplacement du colza s’est révélé nécessaire, le report s’est effectué vers les orges de printemps mais surtout vers le tournesol. La Côte-d’Or s’est ainsi largement habillée de soleils jaunes au mois de juillet. Mais là encore, la nouvelle période de sécheresse qui s’engage interroge  sur  le  potentiel  de  ce  tournesol  de  rattrapage,  des maïs et autres sojas à la future moisson d’automne sur les terres à faible ou moyen potentiel.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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